Depuis environ trois ans, me voici lancée dans Le Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach : une œuvre monumentale, deux cycles de préludes et fugues sur tous les tons possibles et inimaginables de la gamme. Au début, j'avais déchiffré les deux premiers préludes et fugues pour des examens. Aucun de ces examens n'avaient été brillants mais, pour une raison X, je me suis accrochée à ces morceaux, jusqu'à les savoir par cœur. Par désir d'aller plus loin, je me suis ensuite mise le troisième prélude et fugue dans les doigts, puis le quatrième...
Aujourd'hui, je suis assez déterminée à continuer ce Clavier bien tempéré... jusqu'au bout ? En tout cas, jusqu'où je pourrai ! Tout, dans cette œuvre, me fait penser à la grandeur d'une cathédrale. Tout, dans cette œuvre, stimule en moi un état de prière. Les différentes pièces s'enchaînent sans un à-coup, s'imbriquent parfaitement les unes dans les autres comme les pierres d'un édifice. Dans le premier prélude et fugue, il y la majesté d'un dôme : beaucoup de rondeur et de luminosité. Dans le deuxième prélude, s'esquissent les gargouilles et les gouttières d'un édifice gothique, dans lesquelles dévalent les grandes eaux d'une averse. Dans le troisième, nous trouvons l'allégresse des fleurs et de frises végétales. Dans le quatrième, les notes invitent le musicien à la prière. Et dans le cinquième ?..
Dans le monde qui nous entoure, il est possible de voir beaucoup de cathédrales. Par exemple, dans la structure étudiée d'un flocon de neige ou dans l'architecture d'une toile d'araignée, tendue sur une ogive en rosiers. Les gens qui me connaissent savent aussi que j'apprécie particulièrement les vitraux que l'on trouve dans les ailes des libellules. ;)
Dans sa première Épître aux Corinthiens, Paul écrit: "Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes?" 1 Co 6,19.
Ainsi, à chaque fois que j'ai pris soin de mon corps (éviter les sucres ajoutés, maintenir l'exercice physique, un sommeil régulier, éviter le stress, prendre soin de ma spiritualité), j'ai contribué à construire cette cathédrale que Dieu m'a donnée. De même, à chaque fois que j'ai pris soin des personnes que j'aime, de la création tout autour de moi, alors j'ai ajouté une toute petite pierre à un édifice sacré. Du moins, je l'espère.
À la fin de ses compositions, Bach signait souvent de ces trois lettres: SDG, Soli Deo Gloria, À Dieu seul la gloire. C'est une devise que l'on pourrait appliquer à tant d'autres domaines artistiques (danse, cuisine, couture, sculpture, peinture, constructions de cathédrale), à la nature elle-même ou encore à de nombreuses nombreuses œuvres d'entraide. Lorsque l'homme donne de lui-même pour aider ses semblables, alors il fait fructifier la vie, alors il bâtit un temple.
Je finis ici mon texte sur une chanson de Walt Disney, Pensez aux petits oiseaux, dans laquelle il est aussi question d'une cathédrale : la cathédrale de Saint-Paul à Londres. Lorsque je pense à cette chanson, je me demande toujours: quels oiseaux ai-je nourri ? Quelle cathédrale suis-je en train de créer dans ma vie ?